La dynastie Dampont

« Damnoponte », c’est sous cette forme particulière qu’apparaît pour la première fois dans les registres le nom d’un dynastie qui allait influer considérablement sur le devenir des terres de Us. C’est en effet, en 1293, à l’occasion de la vente de vignes à Pontoise par Thiébaut de Dampont à Raoul de Cergy, que l’on croise l’ilustre patronyme.

En parallèle, dans les archives du cabinet d’Hozier (généalogiste des ordres du Roi), existe un tableau daté de 1266, mentionnant Philippe de Dampont, et Simon de Dampont.
Philippe de Dampont a eu un fils prénommé Baude, qui a épousé Françoise de Montmorency. L’histoire généalogique de la maison de Montmorency établie par André Duchesne ne mentionne cependant pas cette alliance mais on sait qu’en 1632 dans une salle du château d’Us, aujourd’hui détruite, étaient peintes les Armes de plusieurs épouses de la famille : Montmorency, Query, Du Bois, Espinay, Trossy, Mores.

Baude de Dampont et son épouse eurent deux enfants, Hugues et Jean. Hugues, était seigneur de Cormeilles en Vexin et de Saint Cyr-Sur-Chars, il mourut en 1521 et fut inhumé dans l’église de Cormeilles où son tombeau était encore visible au XVIIIe siècle. Il eut un fils, André, qui ajouta au fief paternel les terres de Berval, Bréançon, Santeuil, Hallencourt et Livilliers.
Jean, le fils ainé, épousa pour sa part Agnès de Marbré, fille et héritière de Pierre de Marbré seigneur de Montgeroult. Cette terre entra par mariage dans le patrimoine de la Famille de Dampont.

Le 1er décembre 1450, les enfants de Jean et d’Agnès procédèrent au partage des biens de leurs parents. Pierre, l’ainé, fut Seigneur d’Us « en partie ». Ayant épousé Isabeau, il eut plusieurs enfants. L’un d’eux, Bertrand, épousa Barbe Forestier (fille du procureur du Roi à Pontoise). Avec le décès de Pierre (Isabeau sera veuve deux fois avant d’épouser en troisième noce Jean de Pilois, seigneur d’Ableiges), le legs se disperse et plusieurs décennies passèrent avec de nombreuses filiations.

Le 14 novembre 1656 Louise de Trossy, issue d’une de ces filiations, donnait à son fils Jacques, tous les biens qui provenaient de la succession de son mari, à savoir : Us, Dampont, les Aubains, Bruyères, Moussy et Sagy.
Jacques mourut en 1582 et le partage de ses biens, ainsi que eux de son épouse Rose, eut lieu en 1600. Jean, le fils ainé , eut les terres de Dampont et d’Us. Son frère, Gaspard, reçut la terre des Aubains et les deux petits fiefs de Bouard. Louise, leur sœur, eut la terre de Sagy.
Jean mourut en 1649.
Gaspard et son épouse Renée d’Aubourg (tous deux enterrés auprès des ancêtres de Gaspar dans l’église d’Us) eurent plusieurs enfants dont le cadet, Georges, qui avait épousé, en 1649, Jeanne Billard, nièce du curé de Vernon, et Joseph, marié en 1640 avec Charlotte de Gaillarbois, fille de Robert, seigneur de Marcouville et Domont et d’Adrienne de Prestevalle.

Georges et Joseph furent reconnus noble et issus de noble race le 12 avril 1669 par Barin de la Gallissonnière. Mais l’entente entre les deux frères fut mise à mal par le testament de leur oncle Jean de Dampont. Celui-ci substituant la terre d’Us en faveur de son petit neveu Jean, fils de Joseph, ne convenu évidemment pas à Georges, car la coutume de Senlis ne permettait pas de disposer à sa guise de plus d’un cinquième de ses biens. Ne souhaitant pas rentrer en procès, les deux frères arrivèrent à un arrangement : Georges reçut les terres de Garancières et de Boullay les Deux Eglises et Joseph, en tant qu’aîné, récupéra les terres Bouard, Dampont, Jouville et Us.

La situation financière de la famille était très mauvaise, aussi Joseph dut vendre une partie de la terre de Dampont à un sieur Couppy. Laquelle sera revendu plus tard à la famille du futur maire d’Us, Pierre Combault de Dampont.
Au décès de Joseph, Charles, fils ainé en banqueroute et seul héritier, vend la plupart des biens de son père, dont la terre et seigneurie d’Us en 1689. De fait, la famille de Dampont était devenue pauvre.
Cette relative gêne ne dispensait par Charles de Dampont de remplir ses devoirs seigneuriaux et c’est ainsi qu’il rendit un acte de foi et hommage aux religieux de Saint Denis le 20 octobre 1694 au devant de la principale porte de l’hôtel seigneurial de Cergy, pour sa terre de Bouard, seul fief conservé.
Pourvu, Charles dut justifier de sa noblesse en 1700, devant l’intendant de la Généralité de Paris, Jean de Phélypeau qui rendit sentence le « maintenant et gardant en sa possession de prendre la qualité de noble ».
Pauvre mais noble, Charles mourut le 4 mai 1700 et connut un dernier revers posthume : il avait été inhumé dans le chœur de l’église d’Ableiges, dont dépendait Bouard. Or, Gilles de Maupéou, seigneur d’Ableiges, obtint un arrêt du Parlement spécifiant qu’il était seul, en tant que seigneur du lieu, à pouvoir être inhumé dans le chœur de l’église. Le corps de Charles de Dampont fut donc exhumé et porté au cimetière d’Ableiges.

Notons enfin que, parmi les descendants dont on retrouve la présence autour de Us, il y eut le fils de Charles, Charles-François qui mourut à Bouard le 20 juillet 1746. La destinée de la famille Dampont fut à l’image de celle de bien d’autres familles nobles. La Révolution vint briser bon nombre de ces familles.